L’église du Graal – Tréhorenteuc
ou église de l’abbé Gillard mais ça le fait moins, hein…
L’abbé Gillard débarque à Tréhorenteuc en 1942…150 âmes dans ce village à part, isolé…et une église peu fréquentée. Alors, profitant de la christianisation qui a été faite du Graal par Chrétien de Troyes, l’abbé entreprend des travaux dans l’église afin d’y glisser des parties de la légende arthurienne…En 1943, le vitrail de la Table Ronde est posé. Tous les revenus du recteur sont consacrés aux travaux, les paroissiens sont appelés à contribution, le conseil général met également la main à la poche en lui attribuant des subventions. L’abbé multiplie des éditions de guides sur Brocéliande, Tréhorenteuc ou la Table Ronde. Mais malgré son engagement et son dévouement pour l’église, sa hiérarchie le prie d’aller voir ailleurs…Pas assez catholique, toutes ces activités…Il doit donc quitter Tréhorenteuc en 1962. Il revient de temps en temps en ce lieu grâce à son ami, l’abbé Rouxel, curé de Néant-sur-Yvel. Il mourra en 1979 et sa tombe est à l’intérieur de l’église.
Les explications données par la suite sont tirées des informations présentes dans l’église.
Comme c’est le cas pour les chevaliers réunis en harmonie autour de la Table Ronde, l’abbé Gillard, à travers le grand vitrail, a souhaité exprimer le message du Christ visant à voir s’établir entre tous les hommes, l’harmonie, l’amour, la paix et l’universalité.
Cet objectif se manifeste symboliquement par les couleurs. Dans le vitrail, on observe une dominante bleue, celle du masculin, et une autre rouge, dont le dérivé est le rose dévolu au féminin. Avec la fusion du bleu et du rouge, on obtient la couleur violette (comme la robe portée par le Christ) : Le mélange parfait, l’harmonie parfaite entre l’homme et la femme et celle de tous les hommes au sens large. Parallèlement aux couleurs, cette harmonie est traduite par la coexistence de plusieurs mondes : l’image du Christ et des évangélistes pour les Chrétiens, le monde celte avec l’omniprésence des feuilles du chêne sur l’ensemble du vitrail (symbole du culte de la nature) et le monde légendaire avec la quête du Graal des chevaliers de la table ronde. La conception du vitrail répond aussi à une harmonie parfaite : Celle qui découle du nombre d’or dont l’existence est rappelée par l’inscription 1,618 figurant sur le mur de l’église près des fonds baptismaux.
Chaque réalisation présente dans l’église de Tréhonrenteuc renvoie à une autre. Le grand vitrail a pour miroir la mosaïque qui lui fait face. Tous les symboles présents dans le grand vitrail s’y reflètent et s’y transposent. Le Christ est représenté par le Cerf blanc dont la tête est ceinte d’une auréole. Il porte au cou un collier où est suspendue une croix. Il est entouré de quatre lions, les quatres évangélistes. Dans la légende, Lancelot voit apparaître le cerf blanc et des lions. Ils passent sans daigner lui adresser un regard avant de disparaître par enchantement. Lancelot s’interroge. Le soir, un vieillard l’incite à renoncer à sa vie dissolue avec la reine Guenièvre. Lancelot ne peut s’y résoudre et échoue dans sa quête du Graal. Dans la mosaïque, le cerf blanc, c’est le Christ du monde chrétien, mais c’est aussi la divinité Cernunnos des Celtes. C’est également le Merlin de la légende. Miroir du grand vitrail, la mosaïque fait apparaître la féminité avec la fontaine de Barenton en forme de croissant de lune. Nous sommes dans le monde des eaux, domaine des fées. Plus haut, les arbres de Brocéliande, dont le plus gros épouse la forme d’un soleil, représentant le masculin. Présente dans le grand vitrail sous la couleur violette de la robe du Christ, l’harmonie parfaite de l’Homme se reflète sous l’apparence d’une toute petite ancolie (Chère à Léonard de Vinci) visible au centre de la mosaïque.